Voici quelques jours que j'essaie de savoir quelle est la différence entre Jugendstil et Sécession à Vienne. Plus je cherche, moins je trouve ...
Le Guide Vert prétend que le Jugendstil est l'expression germanique de l'Art nouveau alors que la Sécession serait sa version autrichienne, toutefois avec des lignes plus géométriques. Wikipedia me semble plutôt faire une différence sur les dates d'apparition des tendances, le Jugendstil précédant de quelques années la Sécession .
Probablement que trouver les différences ou les nuances est affaire de spécialiste que je ne suis pas ... Alors au lieu de théoriser sur la volonté des fondateurs de Ver Sacrum (Printemps sacré) qui voulaient promouvoir un rapprochement entre les arts figuratifs et les arts mineurs je vais partager les images de cette période de Vienne, photos, souvenirs, documents et documents du net.
En commençant par le pavillon de la Sécession, juste en face de notre hôtel dont le dôme de feuillage doré attire tous les regards.
Cet édifice réalisé par J.M. Olbrich, "marque la rupture révolutionnaire avec le conservatisme et les constructions de style historiciste du 19ème siècle".
Pas mal aussi sous le soleil
ce bâtiment où eurent lieu dès 1898 les expositions du groupe d'artistes formant l'"association des Artistes autrichiens-Sécession de Vienne" dont il devint le temple.
Deux inscriptions apparaissent sur la façade principale, Ver sacrum à gauche et A chaque époque son art, à l'art sa liberté, emmelée dans la chevelure-serpents des Gorgones au-dessus de la porte.C'est au deuxième sou-sol que je trouve la célèbre frise-Beethoven.
En 1902, les vingt et un membres de l'association des artistes décidèrent que la 14ème exposition serait un hommage à Beethoven. Gustav Klimt réalisa une grande fresque illustrant la 9ème symphonie. Initialement conçue pour la durée de l'exposition cette frise qu'Auguste Rodin qualifia de "tragique, divine et somptueuse" fut vendue plusieurs fois pour revenir en 1973 presque à sa place d'origine.A gauche l'Humanité souffrante et nue implore l'Invincible Guerrier, en armure dorée, protégé par la Piété et la Hardiesse, qui va se mettre en quête du Bonheur.
Sur le mur en face de l'entrée les Forces hostiles le guettent. Un montre à longue toison, ailes bleues et corps de serpent occupe une place immense. Il est accompagné à gauche de ses filles, trois Gorgones, et derrière elles des allégories de la Maladie, la Folie et la Mort. A droite ce sont la Volupté, la Luxure et l'Intempérance qui complètent l'ensemble des écueils à franchir avant d'arriver au Bonheur.La scène finale comprend un groupe de femmes, choeur des anges du paradis, qui personnifient les arts devant lequel un couple est enlacé dans "un baiser au monde entier" ...
Je n'ai plus qu'à réécouter cette symphonie avec la longue carte postale de la fresque en mains !
A quelques centaines de mètres sur la place Saint Charles les pavillons jumeaux d'Otto Wagner sont un autre symbole fort de Vienne 1900. (ici du côté de l'accès au métro)
En 1892 Otto wagner avait été chargé de concevoir 36 stations du métro en cours de construction. Il considérait ce chantier comme essentiel pour le développement d'une Vienne moderne. Le Guide vert écrit que les deux pavillons sont l'incarnation du Jugendstil viennois ... (2ème cliché, de dos au soleil du matin)
Otto Wagner aurait voulu faire de la Linke Wienzelle une artère digne des empereurs qui l'empruntaient pour se rendre de leur palais d'hiver au chateau de Schönbrunn. Ce projet est resté un rêve, mais le célèbre architecte y a construit deux immeubles d'habitation devenus célèbres.
La maison aux Majoliques a une architecture très sobre, mais la façade est un immense rosier fleuri de faïence dont voici quelques superbes détails.
Juste à côté, la maison aux Médaillons profite de chaque rayon de soleil pour scintiller, et c'est ainsi que nous l'avons vue. Des médaillons et des guirlandes de fleurs, des palmes dûs à Koloman Moser ornent les façades qui sont surmontées par les Crieuses d'Othmar Schimkowitz (à qui l'on doit aussi les Gorgones du pavillon de la Sécession).Le Guide Vert qui semble savoir de quoi il en retourne précise que ces façades sont profondément Jugendstil et très peu Sécession.
Nous avons entr'aperçu au cours de nos déplacements le pont du métro 6 sur la Wienzeile que j'ai pu saisir au passage. Le décor des piliers est peut-être bien sécessionniste ?
C'est au musée Léopold que nous avons vu de nombreux objets de ces années 1900, au 4ème étage.Derrière un putti avec cornes d'abondance en céramique de Bertold Löffler une maquette des anges de Koloman Moser pour la réalisation des vitraux d'une église. Ils sont entourés de nombreuses affiches pour les expositions de l'association des artistes sécessionnistes.
Affiches de 1902 (Alfred Roller) pour la 14ème expo, de 1901 (Ferdinand Andri) pour la 10ème (il devait y en avoir 4 par an), de la 15ème aussi en 1902 (Adolf Boehm) et enfin pour la parade du jubilee des empereurs en 1908 (Bertold Löffler).
Nous avons croisé trop vite quelques immeubles avec des balcons à volutes, d'autres à structure d'acier qui aurait mérité plus qu'un regard rapide, mais le programme était chargé et je n'ai pu en retenir qu'une image fugace ...A chacun ses découvertes et ses coups de coeur !