23 Mai 2009
Nous avions vu des parcs et des jardins dans la ville de Riga, aujourd'hui nous irons jusqu'à la forêt de pins au bord du lac Juglas qui font partie de la ville pour visiter le musée ethnographique en plein air. Fondé en 1924, ouvert au public depuis 1932, il rassemble 118 bâtiments, fermes, maisons et ateliers d'artisans, églises, moulins, école et auberge des différentes régions du pays et offre ainsi le témoignage d'une vie rurale pas si lointaine ... Il accueille chaque année 100 000 visiteurs qui viennent surtout en fin de semaine, alors que des concerts y sont organisés.
Tous les bâtiments que nous allons voir sont en bois. Les toits des fermes sont en chaume solidement maintenu par un faitage de bois entrecroisés, ceux des autres batiments souvent en bardeaux cloués.
Le plafond de la grande église est peint, et ressemble presque à un élégant plafond de palais italien !
Des clôtures de bois entourent les fermes divisées en plusieurs bâtiments afin de limiter le risque de propagation d'incendies. Le sauna est isolé, auprès d'un petit étang, pour que la distance à parcourir dans la neige avant d'y plonger ne soit pas trop longue !
L'intérieur est souvent sombre, le grand poêle en est le centre. Il comporte des inclusions de poteries céramiques qui améliorent le pouvoir de chauffage. Le berceau est un peu caché par le rouet, on voit à peine qu'il est suspendu à un grand levier qui permet au bébé de se bercer seul dès qu'il bouge !
Des guides nous accueillent devant quelques maisons. La jeune femme dont Marija nous traduit les propos porte un ruban dans les cheveux : c'est une jeune fille. Les dames portent des coiffes !
Un peu plus loin une dame arrose ses plate-bandes de plantes aromatiques et médicinales. Elle a un conseil pour chacun. Et donne à Camille et peut-être à d'autres messieurs du céleri vivace qui assure quelques dépannages !
Les vergers sont en fleurs : pommiers, poiriers, cerisiers. Et il y a même une ruche dans un vieil arbre creux là-bas, au fond.
A droite du chemin une minuscule église orthodoxe, et à gauche un moulin à vent monté sur une structure couverte de chaume.
La boutique du céramiste est en plein air, et Camille se demande quel va être le pichet qui fera partie de nos bagages, pour la collection ! Quant à Jean Marie, le forgeron lui a remis sa masse et son bonnet magiquee, ce qui va lui permettre de marquer une pièce de monnaie souvenir !
A l'auberge la troupe de musiciens-chanteurs Sola nous attend pour un concert-choral de daïnas, ces petits poèmes de 4 vers chantés. Ils font partie de l'identité nationale. Ils évoquent souvent le soleil qui règle la vie des Lettons, la lune, d'autres divinités paîennes, des légendes panthéistes ou polythéistes.
Au cours du trajet Marija avait évoqué le festival des chorales : ces réunions gigantesques développent le sentiment d'identité lettone et d'appartenance à un peuple.
Le chant se retrouve à tous les moments de la vie des Lettons. Et des jeunes gens en particulier. Au printemps les jeunes filles vont en groupe se promener en chantant. Les garçons les entendent et peuvent choisir "leur meilleure chanteuse" comme petite amie, voire plus si affinités !
Ca finit par quelques danses auxquels nous sommes invités à nous joindre.
Ce n'est pas ici que nous allons prendre notre repas, mais en ville dans un restaurant à la mode dont la décoration rappelle les gateaux anglais : chantilly et pastels. Et Marija nous trouve enfin durablement réunis pour nous faire goûter le pain noir et les filets de flétan fumé à la façon letton (très légèrement) qu'elle a transportés toute la matinée pour notre plus grand plaisir. La gentillesse de Marija n'a d'égal que son sourire permanent !
Le programme de l'après-midi prévoit une visite privée du théâtre national puis du musée national d'art.
Le théâtre fait partie de la grande histoire de la Lettonie : c'est de son balcon que fut proclamée l'indépendance de l'état letton le 18 novembre 1918.
Nous nous serions presque passés de la visite des caves aux combles, d'autant que nous avons eu le sentiment de déranger un peu une répétition, pour aller voir beaucoup plus longuement le Musée National d'Art.
En France on ne sait pas bien qu'il y a une peinture lettone. Et pour cause ... La première exposition eut lieu en 1939 à la Galerie Nationale du Jeu de Paume, la suivante au Musée des Beaux Arts de Bordeaux de novembre 2005 à février 2006 ...C'est encore la dernière ... Et il n'y a quasiment pas d'images sur le net !
Nous avions choisi l'étage de peinture lettone où Marija nous a parlé des "artistes lettons " qui se définissaient ainsi par rapport aux artistes russes. Nous avons ainsi fait cet après-midi quelques découvertes qui auraient mérité un peu plus de temps...
Ces peintres fréquentaient tous l'école des Beaux arts de Saint Petersbourg et voulaient se démarquer de l'emprise russe.
Les fondateurs de ce mouvement furent :
En 1920, après la proclamation de l'indépendance la jeune génération de peintres dispersés en Europe de l'ouest et particulièrement à Paris revint à Riga pour créer le "Groupe des artistes de Riga" (1920-1940) et le mouvement du "modernisme classique".
J'ai eu le temps de photographier quelques tableaux (c'est parfaitement permis) et de noter le nom de quelques illustres représentants du mouvement :
Oto Skume (1889-1967), Ubans (1893-1981)
Kalnins ne figure ni dans les précurseurs ni dans le groupe des artistes de Riga, du moins dans mes notes mais ...
ces pécheurs jouant aux cartes et tous les gris de ce tableau valent qu'on s'y arrête , non ?
En voici un dernier qui fait partie de la mythologie, et que j'ai l'impression de devoir présenter : de Jekab Bine (1895-1955)
il représente Dieu au centre, à gauche Mara, la déesse de la terre et du bonheur, à droite Laïma, déesse des arbres et de la durée ...
Il faut croire qu'elle n'est pas avec nous ... Le temps passe et il nous faut rentrer pour la préparation de la soirée par Philippe Andriot : nous irons ce soir voir Don Giovanni à l'Opéra !
Le billet d'entrée au Musée est superbe, et je n'en ai mis que la moitié !