Un tableau didactique nous explique, nous confirme si nous n'en avions pas déjà pris conscience que Ténérife fut un immense volcan coiffé d'un seul cône. Mais un glissement de terrain tout aussi immense, il y a 170 000 ans (pas si vieux) fractura l'ensemble, déversa les parties les moins solides dans la mer, et il ne resta qu'une frange disposée en "sabot de cheval" appelée "Las Canadas" (le "n" est coiffé d'un tilde que mon clavier français ne connaît pas !) qui délimite au loin le bassin volcanique.
Et le grand, le beau Pico del Teide, point culminant de l'Espagne est bien modeste en comparaison de son prédécesseur ...
La modestie, comme beaucoup d'autres choses est toute relative et voici quelques images qui vont essayer d'en donner une mesure plus juste. Pas absolument dans l'ordre.
D'abord le Pico del Teide entouré et sa couronne de pins canariens qui a subi de gros dégâts lors de la tempête de février. Nous avons traversé une zone d'arbres arrachés, cassés, vrillés, tordus, de part et d'autre de la route qui était juste rendue à la circulation. Les bûcherons et les machines s'activaient dans ce chaos végétal nous rappelant beaucoup des images de décembre 1999 en France.
Cette coulée de lave au milieu de bruyères blanches arbustives porte le joli nom de "piedra de la rosa". Heureusement une grande partie de la forêt de pins semble avoir survécu. Elle est essentielle au climat de l'île : les aiguilles de ces pins seraient creuses, recueilleraient l'humidité de l'air et apporteraient ainsi au sol une grande partie de l'eau nécessaire à l'équilibre de la région.
Nous avons pris la route depuis La Orotava, en passant près de la montagne Rouge, la Montagne Noire et El Portillo.
Cette région est parfaitement desservie par des transports en commun, comme l'ensemble de Ténérife, et nombreux sont les randonneurs qui utilisent ce moyen pour arriver à l'un des nombreux points de départ des chemins parfaitement tracés et renseignés.
Des petits cratères dans le grand,
des coulées de laves rouges ou noires,
des sédiments, des graviers, des gros cailloux,
des lignes de pics dentellés qui barrent soudainement la cuvette,
On dirait presque un désert, et pourquoi pas un paysage lunaire ? Ce qualificatif doit être un poncif éculé, mais bien adapté ...
On nous a toujours dit que les terres volcaniques sont riches, mais là il semble qu'il y ait un bémol. Le squelette de nombreuses serpentines (celles de l'an dernier, les fleurs de cette année n'ont pas commencé à sortir) et quelques autres plantes résistantes ont envahis les pentes del Teide.
Nous arrivons trop tard pour prendre le téléphérique qui conduit à 3600 mètres d'altitude, à 200 mètres du sommet. Le dernier est à 16 heures. Pour aller fouler le cratère il faut être muni d'une autorisation spéciale. Je crois avoir lu qu'on considère ce volcan comme actif.
Petite compensation, nous allons escalader quelques rochers de los Roques de Garcia. Des coulées de lave figées, des necks, des dykes, des cônes, des cathédrales de phonolithe,
surprise, quelques parois lisses, ou presque !
et aussi de nouvelles couleurs, des bleus et des verts.
Il aurait fallu plusieurs jours pour voir de plus près cette diversité et cet espace si étrange. Ça aurait pu être possible puisqu'il y a des poussadas aux point d'accès de ce parc national.
Nous rentrons "chez nous" alors que le soleil encore derrière un rideau de nuages est près à chavirer dans l'Océan Atlantique. Et ça nous donne une image très insolite de l' île de la Gomera. On dirait presque une soucoupe volante !