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28 mai 2007 1 28 /05 /mai /2007 13:56

Lundi 28 Mai - Dernière rando dans l'île de Skye.
Kathie nous sert le même petit déjeuner que les matins précédents. Et nous allons prendre l'autobus à la sortie du village pour Luib, en direction de Portree. Nous allons passer dans un "glen", vallée au creux de laquelle coule un ruisseau, entre les Red et les Black Cuillins traversant ainsi l'île de sa côte nord à sa côte sud, par un des passages les plus étroits. Il fait plutôt beau, avec encore du vent du nord et quelques nuages.
Luib est un tout petit village, un hameau presque, où il reste encore une chaumière vieille de deux siècles, sa façade nord est presque intacte, ce qui n'est pas le cas de celle du sud. Elle doit servir d'étable à d'étranges chèvres ou brebis à quatre cornes, deux haut placées et deux qui tombent sur les joues. On se croirait dans un conte étrange avec animaux diaboliques et frissons dans le dos! Heureusement c'est le matin et la journée est encore longue.

 Derrière le village un sentier monte entre les collines, de l'eau court entre les pierres. Un nuage s'approche et se répend au dessus de nous. Cécile sort son parapluie pendant que j'enfile ma cape. Quelques photos de ce moment rare, car en fait nous n'avons presque pas marché sous la pluie et nous continuons. Par le chemin ou le ruisseau ? Ils sont difficiles à distinguer, et nous nous rendons compte rapidement qu'il est plus sûr de sauter de touffe de bruyère en touffe de bruyère que de pierre en pierre.

Quand nous arrivons au loch intérieur nous constatons grâce à la végétation dans l'eau que son niveau doit être anormalement élevé et nous renonçons à suivre la rive en gagnant la pente ouest de la montagne. Bien sûr il n'y a plus de chemin dans la lande abandonnée depuis des siècles à de rares moutons. Mais nous sommes surprises de trouver un muret qui devait séparer quelques champs d'avant les "clearances". L'avance dans ces circonstances nécessite une attention au sol qui nous distrait de la carte, et nous nous rendons compte un peu plus loin que nous avons ainsi raté le changement de rive. Le chemin de l'autre côté est enfin très net.
c'est le moment de prendre de grandes décisions : nous couperons perpendiculairement à notre point actuel, et verrons au bord du ruisseau comment le traverser ... Finalement il n'est pas profond, et ses rives pas bien hautes, alors nous enlevons nos chaussures et chaussettes, et c'est pieds nus que nous irons. Pas si froid que ça, et par bonheur le soleil brille, alors nous nous installons pour faire sécher nos pieds sous la douceur des rayons de soleil printanier.

Le spectacle des montagnes qui nous entourent est superbe. Pas bien hautes, à peine 1000 m, mais escarpées, des rochers dénudés par la pluie et le vent et acérés à l'ouest. Plus rondes et moins denudés à l'est, la lande la colore de rouge, d'où son nom.
Le vent nous décoiffe encore et nous trouvons refuge à l'abri du mur d'enceinte du centre de sport nautique pour partager notre déjeuner de tomates et fruits. Nous observons à la jumelle quelques marcheurs qui se découpent sur la ligne de crètes de Bla Bheinn, le point culminant de la chaîne qui se profile à l'horizon ouest ... Ils nous laissent rêveuses. Et Cécile d'ailleurs en profite pour s'endormir bien emmitouflée et tournée vers le soleil. Je vais me promener tout au long de la rive du loch en rassemblant les impressions que me laisse ce séjour sur cette île.
Il paraît que le désert se définit par le manque d'eau. Si c'est le seul critère, on ne peut vraiment pas dire que Skye en soit un. Mais j'ai pourtant très envie de la qualifier ainsi. Manque d'habitants, immenses territoires de landes sans chemins, avec à peine la trace d'une civilisation disparue ... Pas d'animaux sauvages ni d'oiseaux,et  et ça c'est une vraie déception. J'avais compté sur des phoques, sur des loutres, sur des aigles et autres prépateurs ... Seulement quelques animaux domestiques et encore si rares : les deux vaches Highland du premier jour, les cinq beliers d'hier,  les quatre étranges bêtes à cornes de ce matin, et quelques rares troupeaux dispersés dans la lande ou au bord des lochs ... Bien sûr nous sommes encore tout près d'un village, une ferme et deux ou trois cottages qui doivent être des résidences secondaires ou les refuges de quelques misanthropes.

Mais avouez que c'est peu ...
Et malgré tout, des structures sociales existent et fonctionnent comme le services de bus très dense, enfin pas assez à notre goût, mais pour les 3000 habitants de l'île, remarquable. Et nous allons d'ailleurs en prendre un qu'il faudra attendre une partie de l'après-midi. Il dessert le village d'Elgol au bout de la route, au bout du monde ? Non, car il y a là aussi, quelques îles et autres côtes qui se profilent au delà du loch Scavaig. Après avoir chercher en vain l'emplacement de l'arrêt de bus nous apprenons qu'il suffit de faire signe au chauffeur pour qu'il s'arrête. Et on peut discuter avec lui tout au long du trajet. Il nous parle un peu des ruines de village que nous traversons : pans de murs de chaumières et d'une église avec quelques tombes entourées de leur enclos. C'est là que nous aurions dû passer hier si nous avions trouvé l'issue du sentier. Nous nous rendons alors compte que nous aurions dû prendre l'itinairaire dans l'autre sens !
Le chauffeur nous emmène jusqu'à la zône artisanale de Broadfort où se trouve un atelier de conditionnement de poisson. Que le saumon fumé est cher pour une région productrice ! Mais ce sera notre repas du soir. Je l'arroserai avec le whisky qui me reste. Dommage, ce n'est pas du Talisker, le produit local. Mais il est vendu en flacon trop grand pour moi seule ou je ne veux pas le porter dans mon sac à dos.
Le jour décline doucement à l'horizon pour notre dernière soirée sur cette île.

 

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