Étrange personnage que cct Antonio Pérez ! Producteur de cinéma, amateur d'art et globetrotteur qui ramena de ses voyages quelques "objets trouvés".
Il rassembla ainsi une importante collection exposée dans l'ancien couvent des carmélites depuis 1998. Dans ce vaste labyrinthe sur un grand nombre d'étages en dessus et en dessous de l'accueil (comme souvent dans la ville haute) se trouve le musée le plus étrange que l'on puise imaginé.
D'abord la collection personnelle d'Antonio Pérez où l'on retrouve des toiles d'artistes tels que Millares, Rosa Torres, Antonio Saura et Andy Warhol.
Beaucoup d'humour, d’impertinence teintée d'admiration dans ces portraits très personnels de Cesar Garcia ...
Antonio Pérez a lui aussi rendez hommage à Brancusi et Duchamp, mais pas tout à fait comme Torner !
Famille Duchamp !
dans le coin l'hommage à Brancusi et au-dessus quelques portraits de Saura
Et un peu partout les "objetos encontrados" ramenés par Antonio Pérez, convertis, transformés grâce à un autre regard en "objets d'art".
Bidendum est ici une vedette. on en trouve à tous les étages, des grands, des moins grands et des petits.
Il faut avoir les yeux partout, sur les vitrines, sur les installations, sur les salles du 17ème siècle, sur les cloîtres ouverts sur le Huécar ...
Dans les vitrines de petits objets venus du monde entier : des jouets faits de boites d'emballage métalliques, de papillotes, des graines, des capsules de café ...
Quelques autres pièces, symboliques de cette fondation sont des boites de bonbons et des touillettes à boisson "rêves de buveur érotisé" !
Pour terminer mon évocation voici un ensemble de tableaux qui me semble avoir rassemblé moultes pinceaux : après (à la façon de ?) Ferdinand Léger et Velasquez la plus facile à reconnaitre maintenant est celle d'Antonio Saura. Cherchez les autres !
J'ai quitté cet endroit avec un petit sourire aux lèvres.
Ma conscience me rappelle régulièrement que je n'ai pas fini de raconter Cuenca. Quatre mois après notre retour les participants à ce voyage encore enthousiasmés et prêts à y retourner m'ont demandé de rassembler quelques souvenirs de cette superbe ville médiévale si méconnue. Accrochée sur une plate-forme rocheuse découpée par les défilés des rios Huécar et Jùcar elle défie les lois de la pesanteur et du temps" (guide Michelin, édition 2017) depuis dix siècles.
La Ronda Juliàn Romero,étroite ruelle en corniche, surplombe le défilé du Huécar, et offre des panoramas splendides sur les jardins aménagés de part et d'autre du rio, sur un ancien couvent reconverti en parador .
et sur le célébrissime pont de San Pablo. Construit par des disciples d'Eiffel ce pont métallique a moins bien supporté l'outrage des années que les bâtiments médiévaux en belle pierre blonde
La cathédrale a une terrasse accessible depuis le cloître. Qui y sonne de la trompette et bat tambour ? Des moines, des pèlerins ou des bergers du temps où l'élevage ovin a fait la richesse de la ville ?
Initialement construite à la demande d'Aliénor d'Aquitaine au 12ème siècle, elle a été transformée sous la Renaissance et présente des éléments architecturaux riches d'influences diverses : porte plateresque, plafonds mudejar et vitraux abstraits de Torner et Rueda ....
Prendre la visite avec passage par le triforium permet d'avoir une vue d'ensemble sur les trois nefs.
Pendant la semaine sainte des statues y attendent le moment de leur sortie. Une des plus imposantes est celle de la Cène avec tous les personnages grandeur nature. Combien de porteurs se succèdent pour l'acheminer à travers la ville toute en pentes ?
Au sud de la cathédrale un lacis de ruelles et d'escaliers (certains sont à sens unique ! ) desservent les gratte-ciel et les maisons suspendues qui avaient permis au 14ème siècle de gagner de l'espace pour accueillir le développement de la ville.
Les "rascacielos", gratte-ciel médiévaux sont des maisons étroites, serrées les unes contre les autres. A raison d'une seule pièce par étage, elles en ont au minimum sept, et certaines jusqu'à onze ! La porte d'accès se trouve sur la rue Alfonso VIII, à l'intérieur de la ville, souvent au 4ème étage, et du côté du défilé les autres étages sont en dessous.
Le rio Juncar est bien différent du rio Huécar. Son débit est plus important, le défilé plus étroit, plus profond. Sur la rive abrupte de belles demeures sont disputé l'espace avec des couvents, un ermitage, et le séminaire.
Nous sommes descendus par de belles ruelles ou plutôt de grands escaliers entre églises et maisons très cossues.
Plaza de las Angustinas, notre guide Guena nous a révélé quelques légendes de la ville dont celle du diable tentateur déçu de nonnes, montré la tête du Christ qu'il faut baiser, l'ermitage, lieu de recueillement. La ferveur populaire est-elle plus importante pendant cette semaine pascale que pendant le reste de l'année ? Guena nous assure que l'église espagnole connaît les mêmes problèmes que celle de France et que le très grand séminaire qui domine ce défilé est maintenant transformé en bibliothèque.
Nous sommes arrivés au bord du rio, et de là avons rejoint une église où nous nous sommes abrités un moment. Car ce vendredi saint le temps était maussade. Quelques flocons au petit matin et pluie fine lors de notre visite. C'est ainsi que nous avons rejoint une grande pâtisserie-salon de thé où j'ai goûté une grande spécialité espagnole : un chocolat chaud avec des churros.
Coup d’œil à la Torre Mangana entourée de ruines et d'excavations : vestiges en fouilles de l'ancien quartier juif.
Quelques pas de plus et nous retrouvions les porteurs "processionnaires" en mal d'éclaircie pour reprendre les cérémonies du jour.
Cuenca est situé au bord de la Meseta, dans les Monts Universales, des montagnes calcaires très travaillées par le vent et les eaux. Les environs présentent des curiosités intéressantes , les dépressions de las Torcas, la source du rio Cuervo et surtout la Cuidad Encantada à une heure de Cuenca, où nous sommes allés marcher, histoire de changer des ruelles de la ville médiévale.
Nous avons fait étape à la célèbre Fenêtre du Diable ouverte par trois côtés bien au-dessus des gorges du Jucar.
L'étape doit être obligatoire car un étal de faïence nous propose quelques unes des production de la région de Cuenca, réputée pour ces productions très colorées.
Une petite demi-heure plus tard nous arrivons à la Cuidad Encatada. Un circuit bien fléché permet de faire un tour en une heure entre des roches qui ressemblent à des tours, à de longs murs et auxquels des noms d'animaux divers ont été nommés. Je pense que l'érosion, le temps, l'eau et le vent ne sont pas des artistes figuratifs, alors je ne les rappellerai pas et me contenterai de montrer quelques photos d'un groupe dispersé !
Le long couloir entre deux masses rocheuses énormes n'est qu'un court passage avant d'arriver à la "mer de pierre". Ces deux endroits ont une taille assez impressionnante qui donne une idée de l'ensemble : assez vaste pour se perdre plusieurs fois car les passages entre deux barres rocheuses peuvent se ressembler.
Exception pour cet endroit baptisé "la lutte entre un crocodile et un éléphant". On a bien l'impression de deux titanesques lutteurs.
Je me demande combien de temps tiendrons encore ces lutteurs avant de lâcher prise. Ils me rappellent les rochers des "Douze Apôtres" en Australie, un peu à l'ouest de Melbourne sur l'Ocean Road qui, battus par les vents et les vagues, s'écroulent un à un dans les flots. Depuis que nous les avons vus, un a disparu.
Et pour finir voici "les amants de Teruel", Diégo et Isabel, amants mythiques de l'histoire espagnole, et icônes de la région.
Diego de Marcilla et Isabel de Segura s'aiment, mais le père de la jeune fille préfère un jeune homme de meilleure famille nommé Azagra. Diego part pour la guerre amasser honneur et fortune, et revient au bout de cinq ans, délai qui lui a été accordé. À son retour, il va chez son amante qui vient d'épouser Azagra, il lui demande un baiser qu'elle refuse et meurt de chagrin. Isabel entre à l'église pendant les funérailles, donne un dernier baiser au cadavre de Diego et expire dans cette suprême étreinte. ceci se passa en 1217.
Ils sont plus réels que Roméo et Juliette puisque en 1555 les corps momifiés des deux amants ont été exhumés. Leur tombe était située dans le cloître de l'église San Pedro de Teruel avant la construction, en 1955 d'un mausolée par le sculpteur Juan de Ávalos.
beaucoup moins poétiques et constamment présentes, des chenilles processionnaires sont sur tous les sentiers de l'itinéraire. Certains d'entre-nous étaient terrorisés et n'ont pas dû voir grand chose de cet immense chaos.
Nous sommes revenus à Cuenca en fin de matinée. Notre chauffeur Daniel nous a laissé admirer la vue panoramique sur la ville. La campagne tout autour de nous était encore toute colorée de gris et marron : cette année Pâques est en hiver !
Notre grande excursion dans la Mancha aurait pu être notre grande journée littéraire ... Car c'est la route de Don Quichotte qui nous a attirés sur ce vaste plateau à bien plus de 100 km de Cuenca. Vais-je enfin savoir pourquoi ce roman est si célèbre ?J'ai essayé de le lire il y a longtemps et je n'y suis pas arrivée, trop ennuyeux. Mais depuis que je travaille le projet du voyage à Cuenca, j'ai trouvé à la médiathèque de Montmeyran un "digest" en 120 ^pages, illustrations comprises destinés aux collégiens ... Je suis restée assez dubitative, et n'ai trouvé dans les exploits du vieux Chevalier errant que les manifestations d'une grande fatigue cérébrale.
Mais d'abord une première étape à Belmonte où nous avons aperçu une colline coiffée de quelques moulins à vent : pour Don Quichotte, nous sommes sur la bonne route.
Cependant ce n'est pas lui que nous avons rencontré derrière des remparts parfaitement conservés et une façade très forteresse du 15ème siècle !
Mais avec surprise quelques célébrités françaises du 19ème siècle à qui les Espagnols doivent cette cour entièrement doublée de briques ... Cette forteresse a été une propriété d'Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III qui craignait le vent de la Mancha. Elle a confié à Viollet le Duc la restauration du château et l'aménagement de la cour. Il a pris, ici aussi quelques libertés.
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Mais il a sauvé les escaliers cachés par le mur de la cour, de magnifiques plafonds artesonado mudejar et d'exceptionnels encadrements de fenêtres, travaillés comme des dentelle de pierre. Le premier étage a gardé le caractère d'origine alors que le second est parfaitement bourgeois 19ème. Donc des photos du 1er suffiront !
Le chemin de ronde est superbe, bien venté et donne sur les moulins et le village construit au pied de la colline.
Je n'ai pas conservé le nom de la bodega (cave) qui fut notre deuxième étape. Lorsque nous avons su que la région de la Manche se targue d'être le plus grand domaine viticole d'Europe j'ai eu peur. Avec raison, les vins que nous avons goûtés n'ont rien de gouleyant, et nous n'avons passé que trop de temps dans cet endroit où l'accueil n'était surtout pas agréable. il me faut préciser que les pauvres prairies où paissaient des troupeaux de moutons que Don Quichotte avaient pris pour des armées en déplacement ont été maintenant converties en vignobles, dont le rapport doit être meilleur.
Mota del Cuervo fut la troisième étape. Un repas pantagruélique et très bruyant nous attendait avant que nous allions voir les célèbres moulins que don Quichotte avait pris pour des géants guerroyant ?
Que j'aurais aimé que la guide qui nous a accompagnés dans la visite d'El Toboso parle français ! Pour confirmer nos discussions entre Geneviève, Bob, Vincent sur ce récit très important car c'est le premier en castillan, pour soulever le voile sur les " tiroirs" de ce texte qui est aussi célèbre que l’Iliade et l'Odyssée, pour nous révéler quelques uns des messages cachés par Cervantès en délicatesse avec le pouvoir ...
Qu'ils nous posent question ou pas, les éléments de légende de la région, vent, moulins et effigies de don Quichotte, Dulcinéa et Sancho Panza vont être le cadre idéal d'une photo de groupe !
Que j'aurais aimé que la guide qui nous a accompagnés dans la visite d'El Toboso parle français ! Pour confirmer nos discussions entre Geneviève, Bob, Vincent sur ce récit très important car c'est le premier en castillan, pour soulever le voile sur les " tiroirs" de ce texte qui est aussi célèbre que l’Iliade et l'Odyssée, pour nous révéler quelques uns des messages cachés par Cervantès en délicatesse avec le pouvoir ...
Nous sommes partis par un labyrinthe de rues marquées chacune de citations (au-dessus de la tête de mes compagnons) extraites de l'ouvrage qui a rendu célèbre ce village dans le monde entier.
Nous sommes arrêtés au Centro Cervantino qui témoigne de la renommée de l'auteur et de son ouvrage : après une vidéo en espagnol nous avons visité les salles où des vitrines exposent des Don Quichotte édités dans le monde entier, dont un exemplaire revêtu d'une dédicace célèbre a été offert à ce musée. En cherchant bien on ne manquera pas d'être surpris par les dédicaces de Reagan, Thatcher, Castro, Mitterand ou Hitler ...
Cet exemplaire édité au Royaume-Uni vers 1865 et illustré par Gustave Doré a été offert par l'Ambassade d'Espagne à Londres.
Bien sûr il y a aussi un enregistrement de la version "comédie musicale" chantée par Jacques Brel à la fin des années 70 et que j'avais tant aimée ...
Puis nous avons continué vers la maison dite de Dulcinea, amour imaginaire de Don Quichotte qui ne l'avait aperçue que de rares fois, et qui n'avait pas prêté attention à lui. C'est bien la maison d'une riche famille d'hidalgos, construite au 16ème siècle où vécut une dame qui aurait pu inspirer Cervantès ...
Elle est décorée et meublée de mobilier d'époque.
Mais quelqu'un a jeté un coup d’œil à sa montre, 17H30. Nous nous sommes alors rendu compte qu'il fallait cesser notre visite immédiatement car nous allions arriver en retard au concert.
Notre chauffeur, Daniel a pris des risques constants pour nous permettre de rentrer le plus vite possible, mais effectivement nous étions bien en retard ...
Sérieuse leçon pour moi : il me faut contrôler dans tous les détails les propositions de mes prestataires.
Henry Fuoc avec son épouse Anne, fondateurs de Saoû chante Mozart et merveilleux créateurs de voyages avaient en 2013 suggéré quelques destinations aux adhérents, parmi lesquelles Cuenca avait obtenu 5 suffrages ...
Mon attention a été piquée lorsque Henry m'a remis son dossier. J'ai entrepris des recherches sur Cuenca et son festival dont l'importance lui avait permis de franchir le cap de 50 éditions. Mais totalement inconnu en France ... Cette petite ville est difficile à trouver dans nos guides papier. Il y a quelques années le guide Michelin lui consacrait 3 pages, l'édition 2017 en comportait une dizaine. Le calendrier des manifestations en Espagne centrale classe la Semaine sainte de Cuenca parmi les trois plus réputées. En voici assez pour y organiser un voyage !
Notre groupe était plutôt modeste, 16 personnes toutes attirées par la qualité musicale promise et prêtes à se laisser surprendre par tout le reste. et les découvertes ont dépassé tous les espoirs !
Lisez, je vous raconte ?
Plaza Mayor et cathédrale
A deux heures de route de Madrid, Cuenca nichée dans des collines, nous apparaît enfin. Il faut monter par la calle Alfonso VIII pour arriver sur la Plaza Mayor : grand ciel bleu, maisons multicolores, bannières accrochées aux balcons rendent plus blanche l'étrange façade de la cathédrale.
Le car nous laisse là, la rue San Pedro encore médiévale, lui est interdite. Notre hôte el Convento del Giraldo, qui n'est qu'à 200 mètres. Toutes les façades qui la bordent sont austères, qu'elles soient d'anciens monastères (comme notre hôtel), d'anciens palais ou de maisons d'artisans.
Installation de chacun. Suis-je privilégiée ? J'ai de la chance avec une vue superbe sur les toits de la cathédrale.
Le reste de l'après-midi est libre, permettant à chacun de prendre ses repères, un temps de repos, ou de tester ses capacités en espagnol : nous sommes quelques uns à avoir pu prendre une tortilla de patatas et un vaso de vino tinto : ça marche, nous survivrons !
Pour rejoindre l'auditorium j'ai distribué à chacun un plan google : 800 mètres, 9 minutes ! Mais les habitants de Cuenca ont presque chacune un itinéraire différent ... Nous n'avions pas encore compris le relief de la ville. OK, Plaza Mayor est dans la ville haute, mais l'auditorium est en bas, de l'autre côté de Hoz (défilé) del Huécar et la pente est si forte pour y accéder que les rues (ruelles ?) sont en lacet ou en escalier ! Nous sommes quelques uns à être passés sous des maisons très accrochées aux rochers, dans un équilibre qui semble nécessiter une attention et un entretien permanents.
Depuis l'esplanade de l'auditorium nous admirons le site. La rive sauvage du Huécar est couronnée de roches très découpées en face des maisons médiévales de la ville haute.
Au Danemark le lundi la plupart des musées sont fermés, mais heureusement les boutiques sont ouvertes. Alors j'ai remis à chacun la liste que m'avait communiquée l'office de tourisme des activités possibles le lundi ; mais d'abord nous avons fait une "croisière" dans le port de Copenhague. L'embarcadère est à quelques cents mètres de l'hôtel Bethel où nous étions (vraiment central ce sympathique hôtel), juste à côté de l'ambassade de France. Au bout de Nyvhaven, le bateau a pris à gauche jusqu'à la petite Sirène. Cet immense canal est vide. Les navires sont maintenant trop gros pour les ports construits aux siècles passés. Sur les quais les bâtiments portuaires qui ont dû participer à la grandeur maritime du Danemark semblent vides. C'est très fantomatique et un peu sinistre.
En fait ils sont reconvertis et on voit d'une rive à l'autre l'Opéra, le théâtre royal, la grande bibliothèque surnommée "diamant noir" faite de pierre ramenée du Zimbabwe, grandes réalisations architecturales contemporaines.
Un peu après la bibliothèque royale, l'itinéraire du grand tour de Copenhague abandonne le grand canal pour pénétrer dans la ville historique. Et ça devient beaucoup plus agréable. Des bateaux résidentiels sont amarrés tout le long des quais.
Et bientôt le canal devient une artère de circulation en centre ville. Il est nécessaire de s'asseoir dans la cabine si l'on veut ne pas être décapité par un pont sur ces canaux. Là, il y a plusieurs escales et beaucoup, comme moi, en ont profité pour descendre à Gammel strand,près du Thorvaldsens museum, et à quelques pas du centre ville.
Sur la place Nicolaj les chalets du marché de Noël s'animent. Les saucisses allemandes, le nougat italien et autres produits artisanaux européens sont proposés aux chalands. Un chariot tiré par des cerfs est près à nous emmener pour une tournée, ou une photo.
Les Danois semblent préférer le vélo au chariot rouge pour leurs déplacements en ville. il faut être attentifs à leur circulation.
Nous avons laissé derrière nous le magnifique bâtiment gothique de la Bourse de commerce.
Et allons en voir un autre sur la place emblématique des cigognes, au centre des rues commerçantes de Copenhague. C'est là que la manufacture royale de porcelaine a son élégante boutique.
Quelques grands magasins bien connus pour leur diffusion du design norvégien ont une simplicité également très élégante.
Liliane, Michel et moi avons voulu goûter aux "smorrebrod" plutôt qu'aux saucisses européennes. L'établissement que nous avons choisi ne proposait sûrement pas les meilleurs, mais nous avons pu longuement discuter au chaud.
Pendant ce temps de plus courageux sont allés visiter la tour ronde, Rundetarn, construite au 17ème siècle pour y installer un observatoire astronomique, une église et une bibliothèque. Plus ancien observatoire encore en service, il offre le meilleur panorama de la ville.
Nous aurions bien aimé poursuivre notre découverte de Copenhague, mais nous avions rendez-vous à l'hôtel Bethel à 16H pour notre retour ... Que les trajets en avions semblent longs, entre les temps de passage à la sécurité, les embarquements, les correspondances. C'est le moment le plus fatigant d'un voyage !
Mais j'espère que tout le monde pense à la chanson de Reynaldo Hahn "Nous avons fait un beau voyage, nous arrêtant à tous les pas, buvant du cidre à chaque village" en remplaçant le cidre par les glogg et les rencontres par les concerts !
Merci à Roger et Georges qui m'ont donné beaucoup de photos pour illustrer ce "reportage".
Pour arriver au Louisiana Museum for Moderne Kunt à Humlebaek juste à l’ouverture, 11H, il fallait prendre le premier bus à l’heure prescrite, 10h08, après la présentation d’Yves Jaffrès du concert du soir.
Et c’était bien d’arriver le plus tôt possible car ce musée, qualifié de « fantastique » par Cartoville l’est vraiment ! Une villa du 19ème siècle dans un quartier cossu a été transformée et agrandie par des ailes tout en transparences qui permettent de voir le parc où sont présentées de nombreuses statues et l’Oresund, le détroit qui sépare le Danemark de la Suède. C’est vraiment très beau, je n’ose pas dire « même en cette fin de novembre » car l’automne nous surprend par toutes les feuilles colorées que nous voyons dans les nombreux parcs depuis que nous sommes arrivés et pourtant c’est bien ça.
Les découvertes commencent dès les premières salles par Per Kirkeby, peintre danois né en 1938. Le musée Louisiana a constitué la plus importante collection de peintures de cet artiste qui couvrent tous les genres et périodes de sa production très proche de la nature depuis ses débuts, en 1960. En voici quelques photos.
Ce sont ensuite des salles principalement dédiées à Giacometti : des hommes marchants, une femme debout, toute lisse et des bustes de toutes tailles. La salle largement ouverte sur un étang et le jardin boisé est particulièrement attirante.
De nombreuses statues sont disséminées dans le parc : Max Ernst, Dubuffet ....
Celles de Louise Bourgeois sont dans les salles.
Celles de Louise Bourgeois sont dans les salles. Quelques totems et deux araignées imbriquées.
Karel Appel, Le monde flottant (1961) : dynamique et coloré !
Et voici les salles des membres de COBRA, un mouvement créé à Paris en 1948 par des artistes venant de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam dont Bob m'a dit depuis des semaines que ce sont surtout eux qu'il est venu voir ici. Ils enseignaient aux Beaux Arts de Bruxelles lorsque son épouse, Christine Branden, (artiste plasticienne liée à Saoû chante Mozart) y était étudiante.
Ce mouvement très contestataire reprochait à l'art abstrait sa rigidité et son conventionnalisme !
Ces œuvres de Asger Jorn me paraissent aussi très tourmentées. Dans une autre salle assez éloignée, voici quelques unes de ses études
Il brumasse, ça n'en rend peut-être le parc que plus attirant avec les statues qui brillent.
Celles de Max Ernst et Joan Miro voient l'Oresund, les bateaux et la Suède de haut.
Celle de Richard Serra sont une porte qui donne accès au rivage ...
Les deux personnages d'Henry Moore regardent-ils le bateau rouge qui se dirige à l'est ?
la vue de loin est de Georges Lavergne
Ensuite, sont accrochées de œuvres de Picasso, de Baselitz, Picabia, Niki de Saint Phalle, Lichtenstein, Andy Warhol. Une salle toute en longueur présente de nombreuses poteries d'Amérique du Sud. Quelle surprise, et pourtant ce sont sûrement elles aussi, des oeuvres du 20ème siècle !
Quels étranges animaux a conçu Hannah Levy, artiste dont je n'ai pas su trouver plus d'informations !
Et il m'a fallu penser à rassembler le groupe pour déjeuner à la cafeteria du musée, car le programme de l'après-midi, ouvert n'en est pas moins chargé !
Donc ma visite s'arrête là, sans passage à la boutique qui est pourtant très attirante.
A 17H30 il nous fallait être au Cap Horn, un des rares restaurants recommandés par les guides sur l'autre rive de Nyhavn. Pas facile de gagner une demi-heure, il avait fallu plusieurs e-messages pour y arriver ! Mais finalement, la nuit étant complètement tombée nous avions perdu la notion de l'heure réelle, et nous avons mangé avec plaisir notre filet de saumon. Nous avions déjà compris que le Danemark est sûrement un pays de pêche, mais aussi et surtout un pays d'élevage, où il est plus facile de manger de la viande que du poisson. Alors nous n'avons pas fait les difficiles, OK pour le saumon.
Il ne manque sur les photos que Marie-Andrée et moi !
Un peu bruyante la salle à l'étage, et en sortant nous avons aimé la tranquillité du quai au bout duquel nous allions prendre un bateau-bus pour nous rendre presque en face à l'Opéra. Un moment de stress en voyant que nous venions juste d'en rater un et que le suivant allait être un peu juste pour arriver à temps, non ? Mais des jeunes gens nous ont rassurés : un service de navette traverse ce grand canal Inder-Havnen depuis la jetée (des cristaux de sel jetés sur les planches nous font penser que la température ne va pas s'élever beaucoup) où nous sommes sans interruption tous les soirs de spectacle.
L'Opéra a été conçu par Henning Larsen, et largement financé par l'armateur Maersk. Les Danois l'ont surnommé le "grille-pain" ! Verre, feuille d'or, marbre et bois précieux, la vue est impressionnante lorsqu'on est au dernier étage et que l'on jette un coup d’œil vers le bas. De la terrasse sont le toit qui s'avance largement on a l'impression de dominer la ville où lesseuls reliefs sont les clochers !
Yves Jaffrès nous avait présenté cette oeuvre, en nous racontant les évènements antérieurs qui n'est pas dits explicitement dans le livret : la mort du mari de la Reine de la nuit, grand prêtre dont elle voulait recevoir les attributs qui ont été remis à Sarastro. Celui-ci craignant pour l'éducation de Pamina l'enleva juste après les obsèques du roi. Nous ne sommes pas les seuls à penser que c'est tellement mieux lorsque ceci est précisé : pendant l'ouverture tout ceci est joué et tout est parfaitement mis en place. Bravo Marco Arturo Marelli assisté de Enrico de Feo !
Et nous avons assisté à un merveilleux conte de Noël ! L'accent était très fortement mis sur la recherche du bonheur par Tamino, Pamina, Papageno ; beaucoup plus que sur toute la partie à l'honneur de la franc-maçonnerie. Pour un peu Papageno-Palle Knudsen volait la vedette à tous ! !https://www.youtube.com/watch?v=2ApkM55UoA8
Le voici enregistré il y a quelques années dans ce rôle.
La distribution était brillante, nous avons été très heureux d'assister à cette grande première où il ne manquait que la reine partie au Ghana. Ce n'est pas par son absence que nous avons été frustrés, mais par les rires de la salle pendant les récitatifs que nous ne comprenions pas : en allemand surtitrés en danois, nous ne sommes pas au point !
Le public, parmi lequel nous n'étions pas les derniers, a acclamé cette interprétation vraiment très festive (la présence de petites souris blanches était charmante, le strip-tease de Papageno et Papagena si heureux de s'être enfin trouvés surrenant et toutes les voix très agréables. Bravo encore !
C'est autour d'un vin chaud, grande spécialité danoise de saison pris sur une terrasse de café de Nyhavn, enveloppés éventuellement dans des couvertures, que nous avons évoqué ce qui nous a comblé dans cette soirée.
Pour compléter notre aperçu de la peinture danoise Ole a proposé d'aller juste sur l'autre rive du lac devant lequel nous avons déjeuné, au Hirschsprungske Samling où est présentée une célèbre collection d’œuvres du 19ème siècle.
D'abord la représentation du Noël danois par Viggo Johansen qui reste d'une très grande actualité. Ole nous explique que le sapin est au centre d'une pièce, éclairé d'une foultitude de bougies, les cadeaux à son pied. Toute la famille fait une ronde autour en chantant Noël. D'une parfaite actualité ce tableau : bougies et non pas leds, cadeaux qui ne tiennent plus tous sous le sapin, ronde familiale et chants, tout est encore exactement pareil depuis 120 ans !
L'aveugle et Tine dans les dunes, de Viggo Johansen (1880)
Le temps passe si vite, il y a encore tant à raconter, et beaucoup à faire après, il me faut donc essayer d'être brève, une vraie gageure !
Voici les toiles que j'ai préférées.
Photos de Roger Bénigni
Je pense qu'Ole aussi aime beaucoup Peder Severin Kroyer car il nous a particulièrement commenté certaines de ses toiles. Celle de son couple sur la plage un soir d'été. Son épouse regarde au delà de la mer, vers la Suède où est son amant qu'elle ne tardera pas à rejoindre ; le peintre la retient encore, son regard est plein de mélancolie ; le soleil et la lumière du soir complètent l'atmosphère troublante.
La scène de plage est intéressante : les petits garçons nus s'ébattent dans l'eau alors que sur la plage la petite fille chapeautée, en robe avec une ceinture nouée à la taille ne peut que les regarder jouer ! Encore une œuvre sociétale !
Durand son grand tour Kroyer semble avoir beaucoup apprécié Ravello et Amalfi. Voici les bateaux de pêche à Amalfi. La lumière y est vraiment différente !
Il me faut ajouter avant de quitter ce musée que le fondateur de cette collection qui porte son nom, Hirschsprungske, (magnat du tabac) commença cette collection, qu'il légua au Danemark en 1902, par un tableau de son ami Kroyer.
Il est temps d'aller visiter le centre ville ! Nous y sommes allés à pied, en traversant le jardin botanique, en longeant une magnifique serre.
Heureusement elle était fermée, car avec ce que nous avons aperçu en collant notre nez à la porte nous aurait retenus longtemps. Je crois que nous avons failli désespérer Ole à qui nous posions trop de questions et qui nous trouvait sûrement trop indisciplinés.
Nous avons laissé ceux qui ne pouvaient plus marcher à Gothersgade pour qu'ils rentrent tout droit à Nyhavn et sommes arrivés à Kobmagergade, une des grandes artères commerçantes, aménagée dans le cœur de la ville. A vrai dire il ne reste presque plus rien de la ville médiévale. Deux terribles incendies en 1728 et 1795 l'ont presque complètement détruite.
Toutefois la Tour ronde, Rundertarn, étrange tour clocher au sommet de laquelle se trouve toujours l'observatoire astronomique voulu par le roi Christian IV a été initiée en 1642.
photo de Roger Bénigni
Je crois que lorsque nous sommes arrivés à Regensen, la cité universitaire commandée par Christian IV en 1618, Ole nous a introduits dans une cour intérieure où les maisons sont brillamment colorées.
Cependant il nous assure qu'elle était fort différente, très encombrée et les couleurs moins vives avant une récente restauration.
photo de Roger Bénigni
Nous sommes allés jusqu'à la belle place des Frères-gris, Grabrodretorv, elle aussi bordée par des maisons aux façades multicolores du 18ème siècle. Elle a très belle allure avec en son centre un arbre vénérable à l'immense ramure.
photo de Roger Bénigni
Et nous avons fini notre visite dans le noir de l'après-midi, à un peu plus de 16H, place Hojbro. C'est le centre de l'activité commerciale traditionnelle et haut de gamme. Dans les années 70 la fontaine aux Hérons était le point de rassemblement des hippies et de la jeunesse contestataire. Aujourd'hui, complètement à droite de la photo la boutique Louis Vuitton est décorée de baudruches de Jeff Koons, l'immeuble (néo ?) gothique de la manufacture royale de Copenhague pour ne citer que les plus connues.
Il est temps de rentrer à l'hôtel. Nous sommes attendus au restaurant à 17H30 !
Le Musée des Beaux-Arts de Copenhague (Statens Museum for Kunst) est aux Danois ce que le Louvre est pour nous. Le fonds provient des collections constituées par les souverains au cours des siècles. Aux œuvres les plus anciennes (12ème siècle) ou les plus célèbres ( Cranach, Rembrandt, Matisse) j’ai préféré celles que nous ne connaissons pas ou si peu, celles des peintres danois. Et Ole est donc chargé de nous les faire découvrir.
Il y en a tant que je choisis de ne montrer ici que celles qui m'ont intriguée, émue, ou que j'ai ressenties comme très représentatives de leur époque.
D'abord le roi Frederic V, qui fut un des initiateurs de la collection royale, en tenue de sacre avec toutes ses dentelles, ses mousselines qui devaient montrer le caractère sacré de la monarchie. Carl Gustav Pilo, peintre de cour l'a ainsi portraituré en 1760. Je préfère sa statue équestre dont la maquette est juste à côté.
Il fut un grand souverain ouvert aux innovations. Ole nous a dit que son épouse lui donna quelques idées nouvelles.
Au début du 19ème siècle le royaume du Danemark connut des défaites militaires et dut abandonner une partie importante de ses territoires. Toute la société s'en trouva affectée et les peintres se replièrent sur les thèmes de la vie quotidienne danoise, paysages, marines, personnages et la lumière si particulière de ce pays du nord.
Jens Juel fut un grand portraitiste et paysagiste. Voici son jeune homme qui court peint en 1802.
Beaucoup d’œuvres d'Eckersberg, paysages, scènes de famille, marines et cieux plein de nuages. Voici les sœurs Nathanson que Ole nous détaille. C'est presque un tableau féministe : l'oiseau en cage qui présente tant de similitudes avec la jeune fille à la robe verte représenterait assez bien les conditions de vie des femmes de la bonne société danoise de l'époque.
La lumière et l'atmosphère du pays sont particulièrement bien étudiées.
En 1844 Johan Thomas Lundbye peint une ferme (avec un toit de chaume comme nous en avons vues encore sur la côte occidentale du Jutland il y a 10 ans).
En 1842 Skovgaard représente une église sur la côte (les églises sont aussi restées les mêmes).
Et en 1856 Frederik Vermehen représente un berger et son troupeau dans la lande.
Puis à partir de 1840 et jusqu'en 1880 certains peintres recommencent à voyager et à faire le "grand tour", voyage dans le sud de l'Europe et autour de la Méditerranée. Les couleurs et les thèmes changent.
deux superbes portraits de femme d'Afrique du Nord par Elisabeth Jerichau Baumann. La transparence des mousselines est merveilleuse.
La scène d'auberge romaine suivante, oeuvre de Carl Bloch,est une des toiles les plus célèbres du musée. Il y procède à une analyse de caractères : les jeunes filles sourient au peintre, le jeune homme lui lance un regard assassin et au fond les élégants messieurs du nord qui font leur "grand voyage" essaient de faire croire que ça ne les intéresse pas !
Sujet, lumière, paysage tout est superbe dans la baignade un soir d'été de Kroyer !
Laurits Andersen Ring (1854-1933) a beaucoup travaillé le thème des seuils et des barrières à franchir bien représenté par les tableaux qu sont accrochés ici :
- sa femme qu'il a l'audace et la fierté de représenter enceinte ;
- le peintre qui rafraîchit la façade de la maison et discute avec la dame à sa fenêtre ;
- et l'homme qui attend à la barrière que le train passe.
Et je termine ce musée avec "une escaladeuse" de Jens Ferdinand Willumsen (1912). Après nos irons déjeuner à la cafétéria où une affiche de l'auberge romaine domine la salle.
