Mercredi 28 Avril 2010
Nous avons à peine salué nos compagnons qui rentrent aujourd'hui, et nous nous en excusons, trop pressés que nous étions de nous rendre à l'arrêt de tramway où nous avions rendez-vous pour un tour jusqu'à Hradcany en "tramway historique".
Hradcany, c'est le quartier du château, mais il y a aussi quelques autres lieux presque plus intéressants, du moins pour moi !
Le trajet est spécialement adapté aux voyageurs, et l'accordéoniste nous joue un pot pourri de ritournelles françaises pendant que le mécanicien (?) nous sert un verre de Becherovka ... Le matin, à 9 heures voici un traitement vigoureux !
En traversant la Vltava sur l'un des 19 ponts que compte Prague nous apercevons le pont Charles qui nous parait presque désert : ceux qui veulent y être presque seuls doivent y aller à 9 heures !
En traversant les jardins qui entourent le château nous apercevons le petit palais de Belveder, offert par un roi à son épouse ... (maintenant nous rêvons toutes, ou presque d'un mari tchèque !).
Nous arrivons à proximité du couvent de Strahov, le tram nous laisse sur une place en bonne compagnie : des élèves sacrifient à la photo de classe tout près des prunus, et surtout juste devant nous, la statue de Tycho Brahe et Johannes Kepler, le maître scandinave et son élève tchèque qui firent avancer l'astrologie par la découverte de nouvelles loiset leur travail commun dans la tour du Klementinum de Prague que nous avons visitée en 2006.
Le couvent de Stahov attire des visiteurs du monde entier par ses bibliothèques des 17ème et 18ème siècles. Malheureusement pour nous la salle philosophique est en pleine restauration (offerte par la Norvège, fonds non européens !). Des échafaudages entourent l'ensemble de la salle qui a été complètement dénudée, et le plafond est caché par une vaste plate-forme.
Il nous reste les vitrines du couloir, véritable cabinet de curiosités avec de nombreux animaux marins et coquillages (les Tchèques sont éloignés de toute mer, et cette faune leur etait étrangère lorsque ces collections ont été constituées.), les quelques volumes fanés qui y sont rangés, (en fait c'est la couleur de leur reliure de cuir de porcelets, idéal par sa souplesse pour protéger des ouvrages précieux), et le trompe l'oeil du fond, à gauche (l'un des meilleurs de Prague nous dit Libuse ! ) avant d'arriver à la salle la plus ancienne, celle de théologie qui contient 9000 volumes, et enfermés sous clef, les ouvrages interdits.Des fresques couvrent les parties de murs et de plafond laissées libres par les livres, quelques volumes sont ouverts sur des meubles d'époque, et de nombreux globes sur pied sont dispersés dans cette salle dont l'accès est interdit, tout comme les photos. Il nous reste les cartes postales dont la repro est interdite aussi : si vous voulez voir, il n'y a qu'une solution, y aller !
Quelques volumes sont présentés dans des vitrines de l'entrée, en dehors de la zone interdite de photo que je vous présente.
La photo au dessus est celle d'un livre des papes ainsi présenté :"Pontifical d'Albert de Stenberg, 1373. Dans la lettre initiale, agenouillés l'empereur Charles IV et Albert de Sternberg, évêque de Litomyse, qui fit écrire et enluminer ce livre
manuscrit".
Et dessous c'est la photo d'une bible de Jan de Selmberg de 1440. Quelq trésors sont réunis dans ces murs !
Accessoirement on peut admirer d'ici la ville qui s'étend à nos pieds. Tout le monde, y compris les Prémontrés qui occupent le monastère, doit penser que c'est un endroit privilégié puisqu'un restaurant occupe la partie en surplomb parmi les bâtiments du couvent.
Quelques pas plus loin, l'étape suivante est Notre Dame de Lorette, lieu de pelerinage très célèbre.
La façade est particulièrement harmonieuse, avec son clocher, ses clochetons, et les arabesques qui encadrent les ouvertures.
La galerie qui en fait le tour à l'intérieur offre de nombreux oratoires et confessionnaux aux pélerins, et deux grandes églises permettent les cérémonies collectives : dans le pavillon central très Renaissance italienne, et dans le corps principal au superbe décor baroque, avec de grandes fenêtres qui laissent entrer un flot de lumière autour des anges musiciens, de la balustrade dorée et du grand jeu d'orgues dont Mozart aurait joué.
Pourquoi superbe ici alors que je ne l'ai pas aimé du tout à Zlata Koruna ? Plusieurs raisons : d'abord parce qu'il décore un bâtiment baroque constituant ainsi un ensemble d'une harmonie naturelle. Ensuite parce qu'il s'adresse à la foule de pélerins et qu'il joue ici totalement le rôle qui lui était dévolu par la contre-réforme. Dans le couvent de Zlata Koruna, il servait de fond à la vie de moines qui auraient dû vivre dans la simplicité et la pauvreté ... Encore un mot sur Zlata Koruna : il serait sûrement plus rococo que baroque, caractérisé par une profusion de "chantournements" et d'ornements divers.
Nous avons aussi visité le trésor de la Lorette . Eblouissant ! Quelques bibles dont les reliures sont richement revêtues de pierreries, des ostensoires à la richesse ostentatoire, et enfin le joyau d'une modernité surprenante : l'ostensoir-soleil fabriqué en 1699 avec quelques 6222 diamants de la robe de mariée qu'une comtesse offrit à l'église à sa mort ! En cliquant sur les mots soulignés au-dessus vous aurez beaucoup d'informations et même la photo de l'ostensoir (interdite aux visiteurs lambda que nous sommes ! ) Vous aurez aussi l'histoire du crucifix étrange dont le portrait orne une chapelle : une jeune princesse à qui Dieu fit pousser une abondante barbe afin qu'elle ne se marie pas à celui choisi par son père qui la fit alors crucifier ...
C'est le moment pour Michèle et Francine de nous quitter : l'avion pour Paris ne part que l'après-midi, ça leur a laissé la chance de profiter d'une partie de la promenade historique. Nous espérons qu'elles sont bien rentrées.
Étape obligatoire, le château ... Mais d'abord la relève de la garde qui attire toujours beaucoup de monde, déjà un mercredi d'avril. Imaginons ce que ça doit être en pleine saison !
Tout les gardes sont bien rangés, il ne manque plus que le bataillon de relève qui doit arriver du fond de la place bordée de magnifiques palais, dont celui des Schwarzenberg !
La visite du château est un passage obligatoire qui ne m'a pas plus séduite la deuxième fois que la première. Je n'en dirai que quelques mots. D'abord c'est absolument immense, une ville dans la ville avec ses bâtiments officiels, ses bâtiments religieux, sûrement quelques uns militaires, la résidence du Président, l'ancien palais aux grandes salles vides, la salle de la première défenestration (ah oui ! c'est haut), la basilique saint Georges du 10ème siècle à la façade transformée en baroque, la cathédrale Saint Guy à la nef immense
éclairée par de superbes vitraux Sécession (on doit pouvoir utiliser le mot autrichien de temps en temps, car il fut sûrement employé à l'époque de leur création, avant la défaite de 1918). Encore une fois le modernisme de certains surprend par la forme géométrique et les couleurs des éléments utilisés. On pourrait croire qu'il sont juste sortis des ateliers des verriers !
Et c'est ici que l'on trouve le tombeau de Saint Jan Nepomucène, énorme mausolée couvert de deux tonnes d'argent !
La mausolée du roi Ferdinand 1er, frère de Charles Quint est modeste en comparaison !
Et nous terminons par la pittoresque ruelle de l'Or. Ainsi nommée car les minuscules boutiques qui la bordent étaient à l'origine les ateliers d'artisans attachés au château, parmi lesquels ceux qui travaillaient l'or. Kafka habita pendant six mois au n°22. Sûrement riche de ce passé, c'est maintenant une librairie qui l'occupe, dont les vitrines sont remplis de ses livres. Elle offre des livres tchèques dans toutes les langues souhaitées par les visiteurs !
Et voici le palais des Rozmberg, juste ouvert au public. C'est la première fois que Libuse y entre ! C'était une institution d'éducation de jeunes filles pauvres de la noblesse. Elles parachevaient ici leur instruction de 22 à 27 ans et se préparaient à un mariage digne de leur rang ...
Le château de Prague serait le monument le plus visité de la République Tchèque. Cliquer sur le lien permettra une visite virtuelle très renseignée.
La journée est très avancée, rentrer à l'hôtel à pied va bien la clôturer ! Les pommiers et les prunus du Rudolfinum sont en fleurs, le soleil brille, la température est agréable, parfait pour lécher les vitrines des belles boutiques de la rue Siroka. Couturiers, parfumeurs et accessoiristes les plus huppés sont là. Mince, il y vraiment beaucoup de zéros à côté des montres exposées ...
Les moins fatigués ont fini la soirée au café de la Maison Municipale, dont la décoration intérieure est tout aussi authentiquement Art Nouveau que la façade et l'ensemble du bâtiment. Becherovka obligatoire pour finir comme nous avons commencé ?
