Au programme du jour les indispensables visites de deux institutions nationales roumaines : le Palais du Parlement et l'église de la Patriarchie.
Mais c'est seulement à 10h que ça commencera. Donc nous avons eu le temps de faire une petite promenade dans la Calea Victoriei, jusqu'à l'hôtel Novotel construit à la place de l'ancien Théâtre National détruit par la Luftwaffe le 24 août 1944.
Je sens que l'histoire roumaine du 20ème siècle restera mystérieuse si nous nous contentons du guide Evasion dont nous disposons : il y a un grand vide après 1920, année de naissance de la "Grande Roumanie" (celle de 2011) et 1930 année où Carol II monte sur le trône jusqu'à 1999 date de début des négociations d'adhésion à l'Union Européenne. Que s'est-il passé ? Les auteurs ont oublié d'en parler ... Mais devant le Novotel nous nous rappelons que la Roumanie fut l'alliée du 3ème Reich au début de la guerre de 1939-1945. En 1944 les troupes russes l'envahirent et c'est ainsi que la Luftwaffe bombarda Bucarest , le Théâtre National et les occupants.
Cet hôtel très moderne a reconstitué la façade de ce théâtre dont il a pris la place pour en faire son accueil.
Le contraste est surprenant entre le haut mur-miroir éclairé par le soleil du matin et l'entrée de théâtre 19ème encore à l'ombre!Les vitrines de ces "Champs Elysées" roumains sont superbes. Dommage, les prix ne sont pas affichés, nous n'osons entrer dans les magasins. Eugénia nous dira dans la journée que sous le régime communiste les Roumains avaient de l'argent mais rien à acheter, et que maintenant ils ont l'embarras du choix mais plus d'argent ... Ils doivent multiplier les "boulots" pour s'en sortir. Elle même est ingénieur informaticien, enseignante à l'Université en même temps que guide francophone, anglophone et hispanophone ... La crise ajoutée à l'héritage post-communiste sont rudes pour les Roumains.
9 heures conférence de Philippe Andriot. Finalement nous sommes nombreux à ne pas connaître Enesco !(en roumains Enescu)
Musicien très précoce, il apprend dès 4 ans à jouer du violon. Il entre au Conservatoire National de Paris à 14 ans, en 1895 et passera de nombreuses années en France où il mourra en 1955. Son oeuvre lance des ponts entre le début d'Orient qu'est la Roumanie et l'Occident. Il composa des rapsodies inspirées du folklore roumain, un opéra, Oedipe dont le livret est en français, ainsi que des oeuvres comme celle que nous entendrons ce soir, proches de Schönberg et de la musique atonale ...
Brahms et Malher nous sont un peu plus familiers.
10 heures. Miron avec son bus a du mal à arriver. La circulation est très dense tout au long de la Calea Victoriei. Les nombreux taxis tous peints en jaune suivent le flot. ( En 1935 ils roulaient sur les trottoirs, évitant les voitures, les chars à boeufs et les calèches). Le prix au kilomètre est souvent indiqué sur la porte avant droite : 1.39 ou 1.40 Leu (1 leu = 0,23 €) C'est si peu cher que les Bucarestois les utilisent beaucoup s'ils ont bu. Aucune tolérance pour les buveurs : le taux d'alcoolémie doit être de 0. Il paraît que tout est négociable en Roumanie sauf ça.
La place des Trois Couleurs (celles du drapeau roumain : bleu, jaune et rouge) est entourée de bâtiments très officiels et imposants, outre l'hôtel Capsa, il y le cercle militaire de style néo-classique roumain.
et de grands hôtels flambant neufs ou en cours de restauration. Le toit de celui de gauche, dominé par un immeuble en pyramide vraisemblablement des années 60 et couvert d'écailles et de plaques de cuivre alors que presque tous les toits de la ville sont de zinc.Quant à celui de droite sa façade est pourvue de grands miroirs juste à côté d'Etienne qui commence à nous photographier par surprise pour le trombinoscope.
Départ pour notre tour. Eugénia nous nomme tout dont les parcs, les églises, l'université, l'Opéra. Bref arrêt pour voir les fresques et l'imposant bâtiment de l'Académie Militaire. La statue à la gloire des différents corps d'armée est tout à fait soviétique !Nous arrivons au Palais du Parlement. C'est l'incroyable et célèbre palais qu'avaient fait construire les Ceausescu. Il s'élève à l'emplacement le moins exposé aux tremblements de terre, à la place de 1/7ème de la ville qu'il a fallu raser.
Avant de commencer la ronde des chiffres étourdissants nous avons dû échanger notre pièce d'identité contre un badge, nous acquitter du droit de prendre des photos (30 lei), et passer par un portique de sécurité pour vérifier si nous ne dissimulions pas quelque objet offensif.
Traverser des couloirs immenses, des galeries présentant de valeureux héros du passé (les concepteurs avaient dû rêver d'en être ... ), des costumes régionaux, des tableaux donne le temps à notre guide de nous présenter ce gigantesque bâtiment. Le projet a été monté en 1983, la construction employa de 1984 à 1989 pas moins de 20000 ouvriers sous les ordres de 400 architectes, et mit à mal les finances du pays.
C'est le second (1er le Pentagone) plus grand bâtiment au monde avec ses 36000 m2 au sol sur au moins 4 étages. Il compte un millier de pièces, bureaux, salles de conférences. La plus grande mesure 2000 m2 !
Il y a des kilomètres ou plutôt des hectares, de tapis de laine fabriqués par des artisants roumains.
Nous avons admiré les couleurs et les motifs variés et très colorés.
Quant aux lustres de cristal il y en a partout. Le plus grand du palais pèse 5 tonnes.
Nous n'avons pas le droit aux salles des 332 parlementaires ni à celle des sénateurs, en amphithéâtre pour rattraper la hauteur des salles de l'étage où nous sommes, de plus en plus hautes. Nous arrivons dans un gigantesque salon très décoré. Classique, rococo, et antique tout est ici. Les murs et les colonnes de marbre ont subi l'outrage de quelques appareils modernes tenus par des colliers métalliques ...
Les Ceausescu avaient oublié quelques détails malgré leurs visites quotidiennes au chantier, leur exigence de tous les détails et même de maquettes grandeur nature !
Bien sûr les consommations de KWH, d'eau, et de chauffage sont à l'échelle. Tout comme le nombre des dames chargées de l'entretien : 200.
Il y a même la salle de conférence des Droits de l'Homme ... Son nom vient du sujet de la première conférence qui s'y tint. C'était après la Révolution bien sûr.
La dernière visite est pour le grand balcon.en face de l'immense boulevard Unirii. La vue est superbe depuis ce balcon officiel !Mais la place dégagée devant est si vaste que la prise de parole y était impossible ! La foule aurait été trop éloignée.
Il y a parfois un raté lorsque tout est démesuré, spectaculaire et grandiose.C'est vraiment un palais hors de l'imaginable !
En suivant le boulevard de l'Union nous arrivons très rapidement au pied de l'église du Patriarcat. Après la statue d'un fondateur, nous passons le clocher qui fit partie du mur d'enceinte. A notre gauche le palais de l'église orthodoxe roumaine (autocéphale = autonome), qui fut le palais parlementaire avant la RTévolution ; à droite la grande église que nous venons voir fraîchement repeinte, et en face le "paraclis", le sanctuaire le plus ancien de l'ensemble. Mais il est si petit qu'ils contenait à peine les souverains et leur suite qui assistaient aux offices des grandes fêtes orthodoxes. (Je tiens ça de Paul Morand bien sûr !) Mais en 2011 même la petite loggia aux colonnes torsadées, très orientale, est fermée à clef.
Cet ensemble a été fondé en 1654. L'église a subi beaucoup de transformations et d'ajouts. Les fresque sont repeintes et modifiées régulièrement ... Tout ça ne l'a peut-être pas rendu plus belle.
Eugenia nous a donné l'historique avant d'entrer, bien sur il nous faut être discrets dans le sanctuaire pour ne pas gêner les manifestations de dévotion ardente des gens en prière.Après l'exonarthes entièrement couvert depuis le 17ème siècle de saints et de scènes bibliques dont celle du Jugement dernier, nous pénétrons dans la nef .Beaucoup d'or et d'argent autour des icônes et sur l'iconostase très travaillée. Tous les murs, les plafonds et les coupoles sont recouverts de fresques. Ça rappelle bien les monastères grecques, mais en beaucoup moins émouvant.Les cierges ne brûlent plus dans les églises, ça détériore trop les peintures. Ici dans ce kiosque ils sont plantés dans des boites qui permettent de recueillir la cire. Parfois même ces boites ressemblent à des placards avec leurs portes métalliques.
Je pense que nous allons visiter d'autres églises moins prestigieuses mais plus intéressantes par la qualité des fresques et un peu moins de fastes.
Et maintenant nous allons manger. A plus tard !