Le ciel est bleu, le golfe de Naples d'huile, et nous attendons le bateau qui doit nous emmener jusqu'à Capri, le gros rocher sombre au sud. Nous avons l'air bien tranquilles, mais pourtant cette attente est faite de fébrilité et de beaucoup de plaisir, nous allons atteindre un mythe qui a fait succomber tant d'admirateurs depuis les empereurs Auguste et Tibère.
Au 19ème siècle ce fut le moment de nombre d'artistes. Et au 21ème ce doit être le passage obligé des touristes du monde entier à voir les centaines de passagers que dégorgent chaque ferry et ils se succèdent rapidement.
Le quai est copieusement embouteillé par des milliers de personnes qui attendent le petits bus ou les taxis décapotés qui dévalent l'unique rue qui conduit aux deux villages dans la montagne, Capri et Anacapri. On se bouscule un peu car Ils ont besoin, pour manœuvrer de la place exacte où nous attendons notre tour d'être arrachés à cette foule. Heureusement Flavia a l'air très à l'aise dans cet imbroglio, et sait bien quel véhicule elle attend !
Et un miracle se produit enfin : par l 'étroite route suspendue nous élevons en découvrant le fastueux panorama du l'île, du golfe, de la presqu'île de Sorrente, de Naples et au loin du Vésuve.
Notre programme prévoit la visite de la villa San Michele, et Flavia souhaite que nous y allions presque directement, afin d'éviter la foule.
Je ne sais plus très bien faire la part de ce que Flavia nous a dit et de ce qu'a écrit Axel Munthe, le concepteur et constructeur de cet endroit.
Des pièces et des cours blanchies à la chaux, des colonnades et des décors faits de débris antiques découverts lors des travaux d'aménagement gardent une certaine fraîcheur en préservant la lumière qu'Axel Munthe ne pouvait plus supporter à la fin de sa vie.
Nous sommes passés par la grande loggia où des sculptures anciennes ont naturellement trouvé leur place. Elles doivent provenir de Pompéi ou Herculanum. Originaux ou copies ?
Le jardin qui occupe des terrasses en promontoire est classé dans les "grands jardins italiens" et il est vraiment somptueux.
Avant d'atteindre le sphinx nous sommes passés devant une espèce de sphinge à l'air plus gothique qu'antique, mais à n'en pas douté le sphinx de marbre rouge tout à l’extrémité est du jardin est bien égyptien ! il scrute les Apennins et ses yeux nous échappent.
Juste au-dessus Saint Michel garde sa chapelle. Elle était presque en ruine quand Axel Munthe, alors étudiant en médecine découvrit Anacapri et cet endroit assez sauvage. Il en tomba immédiatement amoureux et se promit de l'acheter. Médecin des riches et également des pauvres de la région de Naples,célèbre dans tout l'occident, il fut aussi écrivain. Son ouvrage le plus célèbre est "Le livre de San Michele" où il se raconte et raconte aussi cette somptueuse maison.
Ce fut aussi un grand ami des animaux, chiens, singes et oiseaux. Flavia nous a conté quelques savoureuses anecdotes. Il réussit à stopper les chasses aux oiseaux migrateurs en achetant avec beaucoup de mal les terres voisines pour en faire une zone de protection, aujourd'hui parc naturel du mont Barbarossa.,
Pas assez de temps pour voir les restes de la villa impériale de Tibère au sommet de la montagne voisine, ou ceux de la villa de Barberousse, célèbre corsaire algérien ni l'escalier phénicien dont les 800 marches sont restés jusqu'au 20ème siècle le seul moyen d'accès au port.
Nous avons terminé notre visite juste à temps pour manger un crostini sur la terrasse du café de la villa. Loin de la foule, à mi-ombre, en face d'un paysage sublime, des tartines pleines de couleurs, de légumes et de viandes délicieuses, arrosées d'un Lacrima Christi rapeux, enfin très tannique (ils ont l'air fiers de ce vin de Campanie les Napolitains, que nous n'essaierons plus ...) nous ont fait passé un bon moment, même si le service n'était pas très souriant !
Il était temps de repartir pour Capri et ses ruelles bondées. Nous sommes allés jusqu'aux Jardins d'Auguste d'où l'on voit les très célèbres rochers Faraglioni. Georges a voulu faire comme tout le monde, quelques selfies devant ce paysage ... Merci de m'en envoyer un !
Encore quelques pas et nous sommes arrivés au belvédère qui domine la Marina Piccola où l'on accède depuis Capri par la via Krupp, construite en 1902 par le célèbre industriel allemand.
Et voilà, "Capri c'est fini" ici. Le mythe est écorné ...
Nous avons choisi démocratiquement de ne pas faire le tour de l'île en bateau et de ne pas monter en télésiège jusqu'en haut du Monte Solaro. Il nous avait semblé que Flavia nous déconseillait ces deux options en raison de l'attente trop longue due au très grand nombre de visiteurs de ce jour. Et je m'en veux beaucoup d'avoir si mal organisé la visite de Capri, et de n'avoir pas su trouver la magie de cette île.
Voici une image pour aller un peu mieux :
un selfie de Georges et moi, opérateur Georges Mutin, décor les célèbres îles Faraglioni